Droits télé, sponsors, subventions : quel business pour la Ligue 2 à Dijon ?
Après une saison difficile, le club de foot dijonnais se voit reléguer en deuxième division après six années en élite. Sportivement, ça change beaucoup. Économiquement, aussi. Comment les partenaires vont-ils continuer à soutenir leur équipe ? Et avec quel budget ?
Par Marie MORLOT - Aujourd'hui à 19:00 | mis à jour aujourd'hui à 19:42 - Temps de lecture : 4 min
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Voilà le championnat de football terminé depuis moins de 48 heures. Une fin de saison qui scelle la relégation en Ligue 2 du club masculin dijonnais du DFCO. Sportivement, il y a un pas de géant entre les deux divisions. Mais économiquement, c’est un grand écart.
« En 2021, nous attendions un budget de 45 M€. Il a été finalement lourdement amputé par le Covid et les soucis de droits télé avec l’affaire Mediapro pour atteindre 28 M€. L’an prochain, en L2, même si tout n’est pas ficelé, nous fonctionnerons avec environ 15 M€ », livre le président Olivier Delcourt, le “gardien” des comptes. Les droits télé, c’est un premier versement en moins. Avec des montants affectés aux clubs divisés par dix entre la ligue élite et sa petite sœur, le DFCO ne pourrait toucher que 2,5 à 3 M€.
Pour consolider son budget, le président devra donc devenir VRP pour aller discuter avec les partenaires financiers, deuxième source de revenus majeure. « Ils sont 400 au DFCO. Certains donnent 1 000 € par an et ils ont un abonnement au stade avec quelques prestations. D’autres, comme les sponsors maillots, donnent des centaines de milliers d’euros », confie-t-il. Mettront-ils encore la main au porte-monnaie pour s’afficher en Ligue 2 ?
« Embêtant » pour les sponsors
« Une relégation, c’est embêtant, oui, mais c’est à ce moment-là qu’on a besoin d’eux. C’est maintenant que nous verrons ceux qui étaient partenaires pour venir voir Dijon-Marseille et la visibilité d’une équipe première et ceux qui soutiennent vraiment le sport », lâche le président, également sponsor avec sa société DVF.
Du côté des “ambassadeurs”, la Caisse d’Épargne et Suez nous ont confirmé leur présence en 2021/2022 et à « même niveau ». Logique, leur contrat ayant été souvent négocié en amont pour trois à cinq ans. Plutôt désavantageux pour ceux qui ont signé avant la dégringolade. « Inversement, ceux qui payent pour de la L2 et qui vivent une montée y gagnent », relativise le président qui rappelle que les filles, elles, « sont toujours en L1 ».
« La Caisse d’Épargne de Bourgogne-Franche-Comté est à côté de ses partenaires aussi bien dans les bons que dans les mauvais moments », confirme Fabien Chauve, membre du Directoire de la CEBFC. Malgré la deuxième division, il assure que « les valeurs partagées avec le club n’ont pas changé » et renouvellera donc sa « confiance » envers le DFCO « jusqu’en 2025 ».
Doras nous a indiqué être encore en « négociation » et Vincent Martin, iconique sponsor maillot, assure « ne pas avoir encore pris sa décision » sur un éventuel renouvel-lement.
Les sociétés IPS et Rougeot n’ont, quant à elles, pas répondu à notre sollicitation.
L’an prochain, en Ligue 2, même si tout n’est pas ficelé, nous fonctionnerons avec environ 15 M€.
Olivier Delcourt, président du DFCO
François Rebsamen est un grand amateur de foot. Photo archives LBP /Ph.B.
La Métropole arbitrera le montant de sa subvention en fin d’année
Du côté de la Métropole, même si la relégation aurait fait “grogner” François Rebsamen, la collectivité assure qu’elle « poursuivra son soutien au club, selon des critères adaptés et cohérents à la Ligue 2. Avec la descente, le budget du DFCO va baisser et la clause d’occupation du stade Gaston-Gérard aussi. Or, c’est une recette importante pour la collectivité (calculée en fonction du chiffre d’affaires du club et de la billetterie) lorsque le club évolue en Ligue 1 ».
La commission décidera donc du soutien financier de la collectivité pour la saison prochaine, « conformément aux règles de comptabilité publique ». Pour mémoire, le montant de la subvention avoisine les 900 000 € chaque fin d’année. Le 21 décembre dernier, la Métropole avait voté l’exonération exceptionnelle totale des redevances d’occupation du stade pour la saison sportive 2020/2021.
La tribune Dijon Céréales a disparu la saison dernière. Photo archives LBP /Philippe BRUCHOT
Stade Gaston-Gérard : le “naming” d’une tribune, combien ça coûte ?
Le club peut aussi compter sur le “naming” de ses tribunes, autre budget primordial. Celui des tribunes du stade Gaston-Gérard remonte à la première montée en Ligue 1 du club en 2011. Les virages nord et sud ont alors pris les noms de Dijon Céréales et Rougeot.
« À cette époque, c’est l’ancien président Bernard Gnecchi qui était venu me chercher en m’assurant que renommer une tribune au nom de la coopérative serait une pub formidable. Au premier partenariat, j’ai payé 80 000 € pour l’année pour un package général avec le nom sur la tribune et au dos des billets d’entrée, 200 places assises pour les salariés et prospects et une loge. Ensuite, c’était plus cher, à 120 000 € avec une soirée VIP lors des grandes rencontres », se rappelle l’ex-président de Dijon Céréales qui glisse que certains, des tribunes voisines, payaient « plus de 200 000 € » l’année.
« C’est un sport très populaire, vous voyez bien : pour nos agriculteurs ou boulangers, aller au stade, c’était formidable », glisse Pierre Guez qui s’amuse encore de quelques anecdotes.
« Lorsqu’il y avait un penalty, je voulais toujours qu’il soit tiré du côté de ma tribune. Avec le joueur filmé de dos et la tribune Dijon Céréales en gros sur les télés. Et puis les collègues blaguaient souvent en me disant qu’ils m’avaient vu dimanche sur Canal + », glisse-t-il confirmant que ce “naming” lui avait apporté une « notoriété terrible » et lui avait permis d’effectuer « des coups à trois bandes » côté business.
Toutefois, la nouvelle présidence de Dijon Céréales a fait le choix de ne pas renouveler ce partenariat historique. C’est désormais le groupe IPS qui a pris sa place en tribune.