Pierre-Henri Deballon, président du DFCO : « L’an prochain, l’objectif sera de monter »
La première saison du DFCO avec Pierre-Henri Deballon s’est achevée ce week-end par une finale en Gambardella, après des 4es places pour les féminines en élite et les masculins en National. L’heure est désormais aux bilans et aux projections. Sportives et économiques.
Propos recueillis par Rémi Chevrot - Aujourd'hui à 17:34 | mis à jour aujourd'hui à 17:41 - Temps de lecture : 5 min
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Pierre-Henri Deballon est le 3 e président de l’histoire du DFCO, après Bernard Gnecchi et Olivier Delcourt. Photo Vincent Poyer
Pierre-Henri Deballon est le 3 e président de l’histoire du DFCO, après Bernard Gnecchi et Olivier Delcourt. Photo Vincent Poyer
Que pensez-vous de cette 4e place en N1 ?
« Il y a de la frustration et en même temps, on est à notre place. Il y a de la frustration parce que ça aurait pu basculer potentiellement du bon côté. Surtout sur les moments charnières et notamment à domicile, où on n’a pas réussi à créer une émotion forte au stade. C’est peut-être là qu’il y a de la déception. Après, le club, je l’ai repris début juillet, il n’y avait pas d’entraîneur, les transferts n’avaient pas été faits, il n’y avait pas encore d’orientation sur cette partie-là…
En prenant du recul avec un entraîneur qui venait du niveau de National 2, une nouvelle direction, un nouveau directeur général, des nouveaux joueurs… Tout mis bout à bout, cela me fait penser que malgré tout, la mayonnaise a quand même pris et qu’on a posé de bonne base pour l’an prochain. »
L’objectif fixé à Baptiste Ridira sera plus élevé ?
« On s’est donné trois tentatives pour monter en Ligue 2. La première aurait été inespérée. Et la seconde, on va faire en sorte de partir avec beaucoup plus de certitudes et plus de convictions. On va essayer d’assumer un statut. »
L’ambition est donc la montée ?
« Quand on questionne aujourd’hui les joueurs que l’on souhaite garder, les joueurs que l’on souhaite faire venir, on leur demande : « “Est-ce qu’ils peuvent nous faire monter ?” Tout le boulot qu’on fait est là-dessus. On se mettra un peu plus de pression, mais de toute façon, la pression, elle existe quoi qu’il arrive, parce que le club n’aura pas dix tentatives pour revenir à un niveau professionnel. Donc oui, l’an prochain, l’objectif sera de monter. »
Pierre-Henri Deballon. Photo Vincent Poyer
Pierre-Henri Deballon. Photo Vincent Poyer
Qu’est-ce qui vous a surpris lors de cette première saison ?
« L’énergie folle que ça demande : c’est impressionnant. Parce que ça relie plein de domaines : le médiatique, le sportif, le politique, l’économique. Je m’en doutais, mais pas à ce point-là… Quand je croise d’anciens présidents ou d’autres en poste, il y a une forme de soutien, on se tape sur l’épaule en se disant “bon courage”. En comparaison, Weezevent, c’est trois fois plus de salariés, dans 15 pays, les chiffres sont 100 fois plus gros, mais je n’ai pas cette pression au quotidien. »
Aujourd’hui, je suis heureux d’être là.
Il prolonge.
« J’ai racheté le club, mais il ne m’appartient pas : il appartient à la ville, aux gens qui l’ont créé, aux bénévoles, aux partenaires. Et donc il faut essayer de rendre à toutes ces parties prenantes leur investissement et leur amour pour le club. Et parfois, on est aussi celui qui encaisse la frustration des supporters, des partenaires. »
Est-ce que vous vous êtes dit, pourquoi j’y suis allé ?
« Oui, parce que ce n’est pas rationnel. J’aurais pu rester dans mon coin… Là, c’est un projet collectif, je n’y vais pas pour gagner de l’argent, mais pour essayer de sauver le club. Il y a une part d’égoïsme aussi, parce que les émotions qu’on a vécues samedi au Stade de France, c’est extraordinaire. C’est pour ça que je le fais, pour les émotions que je peux prendre et que je peux donner. Aujourd’hui, je suis heureux d’être là. »
Vous n’avez donc pas de regrets ?
« Non. Je suis inquiet, même si je le savais, de la situation économique du football en général et de celle du DFCO. Tout mon sujet, c’est d’arriver à sauver le club dans un premier temps. Ensuite, on rêvera plus grand, on imaginera plus de choses. Mais déjà, d’arriver à rembourser la dette du club et essayer de faire en sorte que le modèle puisse tenir la route, c’est le plus important. »
Vous passez devant la DNCG ce mardi 27 mai. Êtes-vous inquiet ?
« Non. La DNCG va nous demander si nous sommes en capacité de payer tout le monde pendant un an. Comme je sais que je vais apporter de l’argent, je ne suis pas soucieux. »
Combien allez-vous injecter ?
« Je ne vais pas le dire, mais plusieurs millions d’Euros. On pourrait croire que tout est fait, mais la limite est que ça ne pourra pas durer des années. Je n’aurai pas l’envie d’apporter tout le temps autant d’argent et ça ne serait pas rationnel. Mon sujet, c’est d’arriver à faire en sorte qu’un jour, ce club puisse retrouver ce qu’il a eu pendant très longtemps, une forme d’équilibre économique avec ses recettes et ses dépenses. »
Même si on ne fait pas de transfert, le club sera encore debout.
Il poursuit…
« Ça implique d’être vigilant et d’être un bon gestionnaire. C’est dire non et en même temps garder l’ambition sportive, parce que c’est ce qui fait qu’on remplit le stade, que les partenaires viennent, que les collectivités suivent. On va essayer de faire comme Nancy, c’est-à-dire d’avoir fait des choix difficiles mais d’avoir conservé une ambition sportive pour remonter. »
Pierre-Henri Deballon. Photo Vincent Poyer
Pierre-Henri Deballon. Photo Vincent Poyer
Êtes-vous dans l’obligation de vendre des joueurs cet été ?
« Non, la DNCG nous demande de faire un budget qui est sans droits TV et sans transfert. Alors nous, on n’avait pas de droits télé, c’était déjà prévu et au moment où on se parle, le budget que va regarder la DNCG sera sans transfert. Donc même si on ne fait pas de transfert, on sera encore là et le club sera debout. Par contre, est-ce qu’au fond, il faut qu’on fasse des transferts pour se donner de l’air ? Oui, et on a un enjeu de le faire pour des raisons économiques et aussi pour des raisons sportives, parce qu’il faut qu’on fasse de la place aussi à des plus jeunes. Il y en a qui poussent, on l’a vu avec la Gambardella. Et puis parce qu’on va aussi vouloir renforcer l’équipe. »
De combien est le déficit ?
« On a perdu cette année 5,8 M d’euros. Il y a des gens qui m’ont dit “Bon, ça y est, le club est sauvé”, parce qu’on a vendu le bâtiment à la Métropole, parce qu’il y a eu des transferts. Il y a de la trésorerie qui est rentrée, c’est une certitude avec la vente de ce bâtiment. Mais, on le loue au même prix que ce qu’on payait à la banque. Donc, en termes de budget, c’est le même impact. Et cette année, on va perdre les droits qu’on avait, les droits d’un club qui redescend de Ligue 2. »
C’est-à-dire ?
« On veut entamer une action en justice contre la Fédération sur ce sujet. Ce n’est pas normal que les clubs qui descendent de Ligue 2 aient de l’argent, que ceux qui montent du National 2 aient de l’argent, que les clubs amateurs en ont (350 000 €) et que nous, on n’a rien alors qu’on investit pour le football et pour la Fédération. Il y a une équité sportive qui n’est pas respectée. »