Re: [INSTANCES] LFP, FFF, UEFA, FIFA
Publié : sam. 11 déc. 2021 10:56
Ligue 2 à 18 clubs : un accord pas si consensuel
Si la quasi-majorité des dirigeants des clubs de Ligue 2 s'est exprimée en faveur du passage de vingt à dix-huit clubs, les autres acteurs, joueurs et entraîneurs, ont largement fait part de leur opposition. L'inquiétude est palpable.
L'issue ne faisait pas de doute. La Ligue 2 passera donc bien à 18 clubs lors de la saison 2024-2025, après le vote lors de l'AG de la LFP jeudi après-midi. « Cette réforme s'inscrit dans la continuité de la première mesure adoptée par l'Assemblée Générale de la LFP du 3 juin 2021 consistant à adopter le passage à 18 clubs en Ligue 1 Uber Eats à partir de la saison 2023/2024 », précise la LFP dans son communiqué. Après la poule unique à 22 clubs en 1993 puis 20 en 1998, la Ligue 2 verra donc ses rangs prendre le même chemin que l'élite.
Pour près de 80 % des clubs, il y aurait donc plus à gagner à suivre la même trajectoire que la Ligue 1 et ne pas se mettre en marge. Certains mettant d'abord en avant l'aspect économique. La part du gâteau, essentiellement les droits TV, s'est considérablement réduite depuis le fiasco de Mediapro. Beaucoup pensent que ce resserrement, avec des clubs plus forts en son sein, donnera également plus de lisibilité et d'attractivité envers un Championnat de moins en moins médiatisé selon eux.
On estime aujourd'hui que la Ligue 2 se partagerait aux alentours de 80M d'euros par an de droits TV. Le passage à dix-huit clubs, avec deux matches à domicile en moins, ne devrait pas générer énormément de ressources en plus. Un argument financier, souvent mis en avant par les défenseurs de la réforme, qui fait bondir Philippe Hinschberger, l'entraîneur d'Amiens : « On connaît les difficultés des clubs mais si on veut parler d'argent, que les clubs arrêtent déjà d'empiler les joueurs dans leurs effectifs. Un club de Ligue 2 a juste besoin de 20 à 22 joueurs de champ. Et les salaires chez certains dirigeants sont parfois juste indécents. »
Joueurs et entraîneurs, farouchement contre
Mais c'est l'aspect sportif qui contrarie énormément les techniciens aujourd'hui. Un Championnat à 18 clubs, ce sera quatre rencontres en moins chaque année. Autant beaucoup comprennent cette nécessité en Ligue 1 avec un calendrier plus chargé, les coupes d'Europe et des joueurs concernés par les sélections nationales, autant c'est l'incompréhension qui prédomine un cran plus bas : « Nous, on veut jouer au foot, faire des matches, poursuit Hinschberger. Avec les trêves internationales, on a déjà l'impression de jouer peu alors avec quatre journées en moins... Je ne vois pas en quoi cela va rendre la Ligue 2 plus forte. Cela aura un impact sur les clubs, leurs salariés et évidemment les staffs. » Un avis très largement partagé par ses pairs.
L'Unecatef, le syndicat des entraîneurs français, s'est d'ailleurs clairement expliqué sur son opposition à ce passage à dix-huit, comme nous l'a martelé jeudi son président, Raymond Domenech : « On l'a dit et répété, nous sommes même plutôt pour une Ligue 2 à 22 équipes. C'est une erreur stratégique aujourd'hui et une décision trop hâtive. On aura donc des joueurs internationaux qui auront 60 matches par an d'un côté et d'autres à moins de 40 ! On va rayer certains clubs de la carte du football hexagonal en nous faisant miroiter une troisième division pro. »
Les joueurs ne sont pas priés pour se porter solidaires. Selon l'UNFP, le principal syndicat des footballeurs professionnels, 89 % des joueurs de Ligue 2 se sont prononcés contre le passage à 18 clubs.« Ce sont plusieurs centaines de joueurs qui vont être privés d'un mois de compétition par saison, voire plus. Le déséquilibre avec ceux qui jouent déjà beaucoup trop à notre goût va devenir abyssal au sein d'une même profession en rendant les passerelles entre nos deux Championnats d'élite de plus en plus difficiles à emprunter », argumentait l'UNFP dernièrement. « C'est bête pour les clubs et bête pour les joueurs. Quatre équipes en moins entre L1 et L2, c'est moins de possibilités d'évoluer au niveau professionnel. Pour des joueurs comme moi passés par le National, ce sera encore plus dur », expliquait Victor Lobry, milieu offensif de Pau.
Quatre descentes, deux saisons de suite
Max Marty, le manager général de Grenoble, longtemps défavorable au projet, dit avoir entendu ces inquiétudes et s'est finalement rangé derrière les arguments de la LFP : « Je crois farouchement au football des territoires. La réforme, j'espère, permettra d'avoir une Ligue 2 avec plus de valeur. C'est pourquoi il sera nécessaire d'avoir une Ligue 3 pro qui permettra d'éviter les déserts footballistiques actuels. » Aujourd'hui son financement reste une énigme. Acté, le passage à 18 clubs a lancé un compte à rebours qui fait déjà peur à beaucoup. « On aura en fait quatre descentes deux saisons de suite puisqu'il faudra bien absorber le passage à 18 de la Ligue 2 à la fin de la saison prochaine », nous disait vendredi un dirigeant de club assez pessimiste.
Il faudra aussi rapidement déterminer clairement les modalités de montées et de descentes quand la Ligue 1 et la Ligue 2 se retrouveront ensemble à dix-huit clubs. Certainement, une source de discussions et de conflit à venir quand certains entendent souvent le voeu des puissants d'arriver à terme à 16 équipes dans l'élite, premier pas vers une ligue fermée. Les play-offs et barrages, loués depuis 2015 en raison du suspense généré en fin de saison, sont-ils en danger ? La majorité des clubs de Ligue 2 ne veulent pas entendre parler de leur disparition. Jusqu'à quand ?
l'équipe.fr
Si la quasi-majorité des dirigeants des clubs de Ligue 2 s'est exprimée en faveur du passage de vingt à dix-huit clubs, les autres acteurs, joueurs et entraîneurs, ont largement fait part de leur opposition. L'inquiétude est palpable.
L'issue ne faisait pas de doute. La Ligue 2 passera donc bien à 18 clubs lors de la saison 2024-2025, après le vote lors de l'AG de la LFP jeudi après-midi. « Cette réforme s'inscrit dans la continuité de la première mesure adoptée par l'Assemblée Générale de la LFP du 3 juin 2021 consistant à adopter le passage à 18 clubs en Ligue 1 Uber Eats à partir de la saison 2023/2024 », précise la LFP dans son communiqué. Après la poule unique à 22 clubs en 1993 puis 20 en 1998, la Ligue 2 verra donc ses rangs prendre le même chemin que l'élite.
Pour près de 80 % des clubs, il y aurait donc plus à gagner à suivre la même trajectoire que la Ligue 1 et ne pas se mettre en marge. Certains mettant d'abord en avant l'aspect économique. La part du gâteau, essentiellement les droits TV, s'est considérablement réduite depuis le fiasco de Mediapro. Beaucoup pensent que ce resserrement, avec des clubs plus forts en son sein, donnera également plus de lisibilité et d'attractivité envers un Championnat de moins en moins médiatisé selon eux.
On estime aujourd'hui que la Ligue 2 se partagerait aux alentours de 80M d'euros par an de droits TV. Le passage à dix-huit clubs, avec deux matches à domicile en moins, ne devrait pas générer énormément de ressources en plus. Un argument financier, souvent mis en avant par les défenseurs de la réforme, qui fait bondir Philippe Hinschberger, l'entraîneur d'Amiens : « On connaît les difficultés des clubs mais si on veut parler d'argent, que les clubs arrêtent déjà d'empiler les joueurs dans leurs effectifs. Un club de Ligue 2 a juste besoin de 20 à 22 joueurs de champ. Et les salaires chez certains dirigeants sont parfois juste indécents. »
Joueurs et entraîneurs, farouchement contre
Mais c'est l'aspect sportif qui contrarie énormément les techniciens aujourd'hui. Un Championnat à 18 clubs, ce sera quatre rencontres en moins chaque année. Autant beaucoup comprennent cette nécessité en Ligue 1 avec un calendrier plus chargé, les coupes d'Europe et des joueurs concernés par les sélections nationales, autant c'est l'incompréhension qui prédomine un cran plus bas : « Nous, on veut jouer au foot, faire des matches, poursuit Hinschberger. Avec les trêves internationales, on a déjà l'impression de jouer peu alors avec quatre journées en moins... Je ne vois pas en quoi cela va rendre la Ligue 2 plus forte. Cela aura un impact sur les clubs, leurs salariés et évidemment les staffs. » Un avis très largement partagé par ses pairs.
L'Unecatef, le syndicat des entraîneurs français, s'est d'ailleurs clairement expliqué sur son opposition à ce passage à dix-huit, comme nous l'a martelé jeudi son président, Raymond Domenech : « On l'a dit et répété, nous sommes même plutôt pour une Ligue 2 à 22 équipes. C'est une erreur stratégique aujourd'hui et une décision trop hâtive. On aura donc des joueurs internationaux qui auront 60 matches par an d'un côté et d'autres à moins de 40 ! On va rayer certains clubs de la carte du football hexagonal en nous faisant miroiter une troisième division pro. »
Les joueurs ne sont pas priés pour se porter solidaires. Selon l'UNFP, le principal syndicat des footballeurs professionnels, 89 % des joueurs de Ligue 2 se sont prononcés contre le passage à 18 clubs.« Ce sont plusieurs centaines de joueurs qui vont être privés d'un mois de compétition par saison, voire plus. Le déséquilibre avec ceux qui jouent déjà beaucoup trop à notre goût va devenir abyssal au sein d'une même profession en rendant les passerelles entre nos deux Championnats d'élite de plus en plus difficiles à emprunter », argumentait l'UNFP dernièrement. « C'est bête pour les clubs et bête pour les joueurs. Quatre équipes en moins entre L1 et L2, c'est moins de possibilités d'évoluer au niveau professionnel. Pour des joueurs comme moi passés par le National, ce sera encore plus dur », expliquait Victor Lobry, milieu offensif de Pau.
Quatre descentes, deux saisons de suite
Max Marty, le manager général de Grenoble, longtemps défavorable au projet, dit avoir entendu ces inquiétudes et s'est finalement rangé derrière les arguments de la LFP : « Je crois farouchement au football des territoires. La réforme, j'espère, permettra d'avoir une Ligue 2 avec plus de valeur. C'est pourquoi il sera nécessaire d'avoir une Ligue 3 pro qui permettra d'éviter les déserts footballistiques actuels. » Aujourd'hui son financement reste une énigme. Acté, le passage à 18 clubs a lancé un compte à rebours qui fait déjà peur à beaucoup. « On aura en fait quatre descentes deux saisons de suite puisqu'il faudra bien absorber le passage à 18 de la Ligue 2 à la fin de la saison prochaine », nous disait vendredi un dirigeant de club assez pessimiste.
Il faudra aussi rapidement déterminer clairement les modalités de montées et de descentes quand la Ligue 1 et la Ligue 2 se retrouveront ensemble à dix-huit clubs. Certainement, une source de discussions et de conflit à venir quand certains entendent souvent le voeu des puissants d'arriver à terme à 16 équipes dans l'élite, premier pas vers une ligue fermée. Les play-offs et barrages, loués depuis 2015 en raison du suspense généré en fin de saison, sont-ils en danger ? La majorité des clubs de Ligue 2 ne veulent pas entendre parler de leur disparition. Jusqu'à quand ?
l'équipe.fr