La nouvelle expérience de Stéphane Jobard, ancien coach du DFCO, en Arabie Saoudite
Depuis cet été, Stéphane Jobard est l’entraîneur adjoint de Rudi Garcia à Al- Nassr, club de Riyad (Arabie Saoudite). Une première expérience à l’étranger pour l’ancien entraîneur du DFCO qui découvre un nouveau football et de nouvelles façons de travailler.
Entre les Alpes et l’Arabie Saoudite, il n’y a parfois qu’un coup de fil. Alors qu’il était en week-end avec des potes en juin dernier, Stéphane Jobard reçoit un appel d’un certain Rudi Garcia qui l'informe qu’il pourrait s’expatrier. Dans une contrée exotique, loin du football européen. Deux jours après, son ancien entraîneur au DFCO le relance : « Est-ce que tu viens ou pas ? »
Après 24 heures de réflexion, de concertation familiale, le natif de Langres se lance dans l’aventure et retrouve le costume d’adjoint : « D’une parce que c’est Rudi Garcia et de deux, j’avais envie de retrouver du football à un bon niveau. Je ne suis pas dupe, si un jour je veux retrouver le haut niveau, la posture d’adjoint me va mieux quand même. En tant que numéro 1, il faut du temps, marquer son territoire… Aujourd’hui j’ouvre cette porte : j’y vais, je fonce ». Sous les couleurs d’Al- Nassr, l’un des clubs de la capitale Riyad, champion d’Arabie Saoudite à neuf reprises, Stéphane Jobard côtoie des Luiz Gustavo (ex Bayern, OM…), David Ospina (ex Nice, Arsenal, Naples…), Vincent Aboubakar (Lorient, Porto, Besiktas…)…
Du lourd pour un club qui se veut ambitieux (et qui a changé quatre fois de coach en une saison l’année passée). Sur place, le Dijonnais découvre aussi un nouveau football. Avec moins d’intensité. Pas aussi structuré (au niveau de la formation notamment). Technique pourtant.
Un mode de vie en décalé
« Pour donner un ordre d’idée, on est au niveau d’une Ligue 2 française. Il y a une vraie ferveur, on a un stade de 25 000 places et on tourne entre 13 000 et 25 000 spectateurs. Il y a une ambiance familiale, c’est festif, je n’ai pas vu d’animosité », décrit celui qui était sur le banc de Boulogne-sur-Mer (National) durant le premier semestre 2022.
En Arabie Saoudite, Stéphane Jobard, s’il ne la connaissait déjà pas, doit jongler avec une donnée importante : le climat. « Le premier défi à Riyad, c’est de vivre avec la chaleur. Quand tu arrives au mois de juillet et qu’il fait 48°C à 1 heure du matin, tu as l’impression de prendre un sèche-cheveux dans le visage. Les Saoudiens vivent le soir et la nuit, de 16 heures à 4 heures du matin, moment de la première prière. Les centres commerciaux sont ouverts jusqu’à 2 heures par exemple. Nous, on a opté pour des horaires de DH, avec des entraînements à 20h30-21 heures », rapporte le technicien de 51 ans qui communique en français, en anglais et avec quelques notions d’arabe.
L’adaptabilité passe aussi à la culture locale, l’Arabie Saoudite étant un pays où l’Islam est religion d’état. Des temps sont ainsi dédiés à la prière dans le vestiaire. « Là où j’ai été surpris, c’est que je les trouve très pudiques. Alors oui, il y a les haut-parleurs dans la rue pour l’appel à la prière, mais quand on est parti en stage à Marbella (Espagne) , je n’ai pas le souvenir de les avoir vus prier une seule fois, je n’ai pas senti ce côté où on impose la religion », rapporte l’ex coach du DFCO installé dans un compound (village d’expatriés), où de nombreux Américains et Italiens séjournent. « J’ai été étonné par la modernité de la ville avec beaucoup de buildings, des autoroutes à six voies… Il n’y a pas cette notion de centre-ville que tu as en France. Pour faire 200m, les Saoudiens prennent leur voiture, vivent dans les mall … Le centre historique est tout petit, avec un fort et des murs en terre cuite… »
Un an de contrat
Une aventure sportive donc pour Stéphane Jobard dans un pays souvent sous le feu des critiques pour le respect des conditions humaines et de la femme. « Tu sens que c’est en train d’évoluer, peut-être pas aussi vite que nous occidentaux on le voudrait. On a rencontré une femme à l’ambassade, mariée à un Saoudien, qui a confirmé cette évolution. Depuis cinq ans, elle peut conduire, sortir sans être voilée, il n’y a plus de police religieuse… C’est un pays qui veut changer son image car ils veulent être la plaque tournante du tourisme en 2030 », indique Stéphane Jobard - percevant plus le poids des traditions que des institutions - engagé pour une saison (renouvelable) avec Al-Nassr.
Une formation dont l’ambition est d’être à la bagarre pour le titre de champion (actuellement à trois points du leader).
Quand tu arrives au mois de juillet et qu’il fait 48°C à 1 heure du matin, tu as l’impression de prendre un sèche-cheveux dans le visage.
Des retrouvailles à 6 000 kilomètres de Dijon
Depuis 2020, le meilleur buteur de l’histoire du DFCO, Julio Tavares, est installé en Arabie Saoudite. Pendant deux ans à Al Faisaly puis à Al Raed depuis cet été.
« Sur l’un des premiers matches amicaux, j’ai pu retrouver un Dijonnais, mon capitaine. Que ça soit l’homme ou le joueur, il est resté égal à lui-même : toujours généreux dans l’effort, performant et adorable. C’est un joli clin d’œil de se retrouver là-bas, à 6 000 kilomètres de Dijon. Il m’a presque conseillé sur le mode de vie, de jeu, sur le fait de toujours presser les défenses et le gardien… », raconte Stéphane Jobard qui a eu au téléphone un autre ancien du DFCO et aussi installé en Arabie Saoudite : Naïm Sliti.
« Il m’a souhaité la bienvenue. C’est toujours sympa quand les mecs entrent en contact avec toi, ça veut dire qu’on a vécu des bons moments ensemble. Et puis, ça montre que le monde du foot est tout petit et que l’on finit toujours par se recroiser. »
le bien public