Super interview du BP avec Tavenot, l'homme, qui a fait Tavenot, le coach :
https://c.bienpublic.com/sport/2023/08/ ... -plus-loin
Vous êtes né à Paris, avez grandi (8-21 ans) en Alsace et avez vos attaches depuis à Bastia. Comment doit-on vous définir ?
« J’ai grandi en Alsace, mais je n’ai aucune attache familiale. Mon père est parisien, ma mère est corse. J’ai les deux attaches. J’ai grandi à Strasbourg, j’ai joué au foot dans un quartier. J’ai une culture diverse. Toute ma famille maternelle est en Corse dans un petit village où l’hiver il y a 50 habitants. J’ai toujours été très attaché à cette terre et eu pour ambition d’aller y vivre. Cela a été possible à mes 21 ans et j’y suis resté 20 ans jusqu’au dépôt de bilan du Sporting. Après, je suis allé au Cercle de Bruges, à Metz, Strasbourg et puis Dijon. »
Que connaissiez-vous de Dijon et plus globalement de sa région ?
« Le vin (sourire). C’est une ville que je ne connais pas du tout, à part l’hôtel et le stade quand on venait jouer. Je n’avais jamais mis un pied en ville. Ça fait un mois que je suis là et je ne suis allé que deux fois au centre, je n’ai vraiment pas beaucoup de temps. Ça a l’air d’être une belle ville, une belle région. »
Une région réputée pour sa gastronomie et son vin notamment. Êtes-vous un épicurien ?
« Je ne suis pas un spécialiste, je suis juste capable de dire si j’aime ou pas, mais avec l’âge, j’ai pris goût au bon vin. J’aime bien manger aussi, il va falloir faire attention. »
En dehors du foot, qu’est-ce qui vous intéresse ?
« J’aime la montagne, MA montagne en Corse. Ça me redonne beaucoup d’oxygène et d’énergie. J’aime la marche, la mer, la nature. Le football me prend beaucoup de temps et le temps qu’il me reste, j’essaye de le consacrer à la famille. »
Quelles sont les qualités de Benoît Tavenot ? Ses défauts ?
« Je suis bienveillant, juste, j’essaye de bien m’occuper des gens quand ils le méritent. Après, je suis peut-être trop exigeant avec moi-même, ça peut être compliqué pour les personnes avec lesquelles je vis, y compris mes deux enfants (19 et 15 ans). Dans le travail, mes premières qualités sont mon engagement et mon investissement. J’ai ça en moi depuis le départ dans ce métier. À l’école, j’étais un élève moyen, je faisais ce qu’il fallait pour y arriver, mais sans plus. »
Pourquoi avoir choisi le parcours d’entraîneur ?
« Cela m’a toujours passionné, j’ai commencé très jeune, j’avais 16-17 ans quand j’entraînais des petits. J’aime la construction d’une séance, élaborer des choses pour faire progresser le joueur, le groupe. C’est inexplicable. Adolescent, le dimanche après-midi, au lieu d’aller au cinéma avec les copines, j’allais voir des matches de DH. Je me nourrissais de ça. »
Est-ce une passion ? Une religion ?
« Une passion, mais le sport en général me passionne. Peut-être que si j’avais été bon en rugby, j’aurais adoré être entraîneur de rugby, ou de basket… Je regarde beaucoup ce que font les entraîneurs dans les autres sports. »
Vous allez être gâté alors à Dijon…
« Oui, il faut s’en inspirer, échanger… Il y a des choses à apprendre. Je ne suis pas d’une famille de footeux. Cela a sauté une génération parce que mon arrière-grand-père était un fou furieux de foot et il emmenait mon père voir le Racing Club de Paris tous les week-ends. Ça l’a peut-être dégoûté. Mais, on a une famille de sportifs. Mon grand-père avait une place importante chez Adidas, il avait ouvert les premières boutiques en France. J’ai baigné dans le sport et j’avais des aptitudes pour courir, les sports co, nager… »
Quel joueur étiez-vous ?
« À 26 ans, je jouais en CFA 2, je travaillais pour mon président, j’entraînais. J’ai eu l’opportunité de rentrer au Sporting Club de Bastia à temps plein et pour ça, il fallait que j’arrête de jouer. Je n’ai pas hésité une seconde. J’étais défenseur central ou latéral, un joueur de National 3, National 2. Un joueur de devoir, fiable, pas le plus talentueux, mais la fiabilité c’est important. Les entraîneurs étaient contents de m’avoir. »
Était-ce un objectif de devenir entraîneur principal ?
« Quand j’ai basculé, jamais je me suis dit que j’allais entraîner en professionnel. Quand je suis rentré à Bastia pour entraîner les 15 ans régionaux, j’étais le plus heureux du monde. Après les 16 ans nationaux, j’étais le plus heureux du monde, la CFA 2, pareil. Au fur et à mesure que j’avance, j’ai toujours cette envie d’aller chercher plus haut. À un moment donné, je trouverai mes limites, j’espère qu’elles seront le plus loin possible. Mais tant que je ne suis pas rassasié, je veux toujours aller chercher plus loin. »
Êtes-vous plutôt adepte d’une victoire 1-0 ou 4-3 ?
« Je préfère gagner ! La vérité, c’est que j’aime bien défendre, mais si on peut marquer quatre buts… Sur la durée, on va être plus fiable si on gagne des matches 1-0 que 4-3. Quand on regarde les classements finaux, les champions ont rarement la plus mauvaise défense du championnat et très souvent la meilleure. »
Vous allez être confronté à l’exposition du numéro 1, comment l’appréhendez-vous ?
« Quand je suis dans le travail, je ne pense à rien du tout. Je ne pense pas qu’on est en National, en DH, en Champions League… Une fois que j’y suis, je ne suis plus connecté avec ce que va dire la presse, le supporter, mais avec ce qu’il se passe sur le terrain, avec le staff jusqu’à la fin du match. Sincèrement, quand j’y suis, je n’ai aucune pression. »
Il poursuit…
« Après dans ma réflexion de carrière, je me suis demandé si le jeu en valait la chandelle par rapport à l’exposition médiatique qui peut faire souffrir mes proches, les enfants, les parents. Me concernant, je ne vais pas sur les réseaux sociaux, je ne lis pas ce qu’on écrit sur moi pour ne pas avoir de jugements biaisés. »
En National, vous êtes quatre entraîneurs à avoir obtenu le BEPF ces deux dernières années. Est-ce un championnat idoine pour lancer une carrière ?
« En Ligue 1, c’est très difficile pour démarrer notamment avec l’aspect médiatique. Le championnat de National est-il plus idoine que celui de Ligue 2 ? C’est un championnat très difficile avec plus de contraintes. Je pense que démarrer en Ligue 2, c’est bien parce qu’il y a le cadre du professionnalisme sans les contraintes du National. J’ai beaucoup d’échanges avec les coaches que j’ai côtoyés au BEPF et qui ont entraîné en National l’année dernière : ils m’ont tous dit que c’était un championnat très dur, mais très intéressant. »